Par les résolutions n° 152/20/CONS et 153/20/CONS, l’Autorité italienne des communications (« AGCOM ») a prononcé une suspension sans précédent de 6 mois à l’encontre de 2 chaînes de télévision pour avoir diffusé l’émission « Il Cerca Salute d’Adriano Panzironi, qui comportait un reportage sur « ce qu’ils ne vous ont pas dit sur les coronavirus ». L’AGCOM a constaté la violation – particulièrement grave – des articles 3 et 36-bis, alinéa. 1, lettre c) n° 3, du décret législatif n° 177/2005 (« Les communications commerciales audiovisuelles présentées par les prestataires de services de médias audiovisuels du ressort de la juridiction italienne ne doivent pas encourager des comportements préjudiciables à la santé et à la sécurité »).
En particulier, l’AGCOM a constaté que les programmes diffusés par les chaînes de télévision diffusaient des contenus commerciaux et non commerciaux susceptibles de mettre en danger la santé des consommateurs en les incitant à sous-estimer les risques potentiels liés à la COVID-19 et pouvaient également générer la fausse croyance que la COVID-19 pouvait être traitée ou prévenue par des mesures non thérapeutiques, notamment des compléments alimentaires. En conséquence, les contenus diffusés, clairement associés à la commercialisation des compléments « Life 120 », étaient de nature à avoir une influence sur la prise de conscience et la responsabilité des utilisateurs en ce qui concerne les risques pour la santé, qui à leur tour pouvaient être préjudiciables à leur santé.
L’AGCOM a déterminé que la méthode de communication adoptée était structurée comme suit : d’une part, M. Panzironi a fait l’éloge du mode de vie « Life 120« (un mode de vie prétendument sain dans lequel les compléments alimentaires jouent un rôle clé) et d’autre part, il a critiqué avec acharnement les enseignements de la médecine officielle (ou traditionnelle). Tout ce qui précède a ensuite été corroboré par les témoignages de « patients » qui auraient guéri de leurs maladies graves en suivant le mode de vie annoncé de Life 120. Le format comprenait des publicités pour des suppléments spécifiques commercialisés par les sociétés de M. Panzironi.
Les chaînes de radio ont fait valoir que la Constitution italienne protège le droit à une information diverse et complète et qu’il est donc permis de diffuser une comparaison scientifique des différentes opinions. L’AGCOM a rejeté ces arguments, estimant que « dans le cas présent […] la valeur scientifique des opinions exprimées [fait défaut] ». En fait, M. Panzironi ne détient aucun titre scientifique et a diffusé des théories basées sur des informations non scientifiques. Un élément supplémentaire qui a été pris en considération à cet égard était le véritable objectif de la méthode de communication utilisée dans les programmes, c’est-à-dire l’intention commerciale servie par les programmes. Un tel objectif promotionnel limite fortement la possibilité de considérer ces programmes comme relevant du cadre constitutionnel de la liberté d’expression de la pensée scientifique.
La nature de la mesure adoptée par l’AGCOM, consistant en une suspension de 6 mois, reflète son évaluation des pratiques comme « particulièrement graves », conformément à l’article 59, paragraphe 2 du décret législatif n° 177/2005, compte tenu de l’urgence liée à la pandémie COVID-19.
Le 20 avril 2020, le tribunal administratif régional du Latium (Tribunale Amministrativo Regionale – Lazio) a adopté une décision provisoire en référé suspendant la résolution n° 153/20/CONS de l’AGCOM. Par cette décision, l’une des deux sociétés touchées par la suspension (Mediacom s.r.l.) peut désormais reprendre ses activités, mais sans diffuser aucun contenu lié au programme de M. Panzironi. Cette décision a été adoptée en urgence et le 8 mai 2020, le tribunal administratif décidera de confirmer ou de révoquer la suspension de la résolution n° 153/20/CONS de l’AGCOM.